Transcription de la presentation de Telmo Mourinho Baptista

Colloque national "Se développer ensemble vers une reconnaissance durable" - le 4 mars 2016

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Bon après-midi. Cher ministre, cher président de la Commission des Psychologues, chers collègues, chers invités. Comme vous le voyez, je vais faire un numéro de cirque, c’est essayer de parler en français et de me faire comprendre par vous. Je vais parler de l’expérience de l’Ordre des Psychologues du Portugal qui a quelques années et qui a une expérience que je crois très importante. L’OPP peut être vu comme un parcours possible pour la création d’un nouvel ordre. Avant l’ordre, nous avions une profession sans représentation. Plusieurs personnes voulaient parler avec l’organisme représentatif des psychologues, mais ne trouvaient pas un tel organe. La psychologie était une profession désorganisée, impuissante pour intervenir en tant que groupe et sans influence sur tous les processus législatifs, sur toutes les choses qui intéressent les psychologues et les citoyens.

La création de l’Ordre des Psychologues du Portugal a été précédée par sept années de discussions au Parlement, avec les partis politiques, avec tous les groupes politiques. A la fin, la Loi 57/2008 a créé les statuts de l’ordre. Récemment, il y a eu une révision de ces statuts établissant le cadre juridique pour l’organisation. Alors, quel est le sens de l’ordre professionnel au Portugal ? C’est un organisme professionnel public. C’est une délégation des pouvoirs de l’État et c’est un organe qui est compétent pour l’autorégulation des professionnels dans certaines limites.

Et je dois souligner ce mot, parce que je crois que c’est le plus important, << l’autorégulation de la profession >>. Les fonctions de l’ordre sont diverses : la défense de l’intérêt général des utilisateurs, représenter et défendre les intérêts généraux de la profession, la réglementation de l’accès et de l’exercice de la profession et le titre professionnel : tous les psychologues doivent être inscrits à l’ordre des psychologues.

Et autre chose, renouveler l’enregistrement des membres, l’exercice du pouvoir disciplinaire, la fourniture de service et, la collaboration avec d’autres institutions gouvernementales, toujours dans l’intérêt public. Ensuite, il y a encore la participation à l’élaboration de la législation, en ce qui concerne l’exercice et la profession de psychologue. L’accréditation officielle, la reconnaissance des qualifications professionnelles, etc.

Mais, attention : Nous ne sommes pas des syndicats. Nous ne pouvons pas participer, comme fait un syndicat, aux discussions sur les salaires, ou sur les carrières, c’est complètement exclu de notre activité. Pour ça, il existe des syndicats et c’est très clair qu’on ne peut pas adopter ce rôle de syndicat. Ensuite, l’Ordre a des organismes nationaux, comme l’Assemblée des Représentants, c’est comme un petit parlement, avec 50 membres. La direction, le bastonário, c’est le << bâtonnier >>, à savoir le Président de la direction.

Le Conseil national, c’est le pouvoir disciplinaire et il y a aussi une Cour d’Appel et un Conseil de Surveillance pour les comptes, les chiffres, les budgets de l’ordre. Il y a aussi des organismes régionaux. Il y a une Assemblée régionale et aussi une Direction régionale. Et après deux années, nous avons créé cinq Délégations régionales : du Centre du Sud des îles des Açores et Madère, qui sont des régions autonomes du Portugal, au milieu de l’Atlantique.

Tout au début de l’ordre, la Ministre de la santé nous a nommés pour créer une commission d’installation. Nous avons fait l’enregistrement de tous les psychologues et nous avons préparé l’élection. Il y avait à ce moment 15 000 psychologues, qui ont été approuvés par un comité d’évaluation technique. Je me réfère à cette année d’origine comme mon annus horribilis, parce que c’était le moment le plus difficile de ma vie. Après, les premières élections ont eu lieu, où j’ai été élu en tant que président de l’ordre. Maintenant, nous sommes 20 000 psychologues inscrits dans l’Ordre des Psychologues.

En avril 2011, nous avons approuvé le code de déontologie et il sert de base pour le règlement des plaintes. C’est un code qui exprime nos valeurs principales et qui fonctionne comme repère pour le conseil où les plaintes sont jugées et sanctionnées.

Au moment où nous avons eu la discussion sur le processus de Bologne, les Ministres de la Science de l’époque voulaient diminuer le temps de formation en psychologie, pour seulement avoir trois années.

Ce que nous avions à ce moment-là , et ce qui nous a sauvé, c’est qu’il y avait un consensus de l’EFPA, d’Europsy, qui a été traduit dans la loi de l’Ordre des Psychologues portugais et qui demande deux cours d’études en psychologie, c’est à dire le baccalauréat et la maîtrise, avec un stage, suivi d’une année de stage supervisé. Cela nous a mis au défi de créer une structure de coordination des stages professionnels et ça a été une de nos préoccupations premières.

Ces stages professionnels sont supervisés. Ils sont basés sur un modèle d’acquisition de compétences, décrit par l’Europsy. Vous pouvez consulter ce modèle sur le site de l’EFPA. On a fait plus de 5000 stages professionnels et on a aussi accès à des programmes de soutien pour les stages rémunérés. Ca, c’est très important. Nous pensons qu’il est important de faire des stages supervisés et de prévoir une rémunération pour les stagiaires.

Récemment, on a commencé avec les Collèges des Spécialités. On a discuté des années sur ces Collèges et on a commencé par créé trois collèges : la psychologie clinique et de la santé, la psychologie de l’éducation, la psychologie du travail, sociale et des organisations. On pensait qu’on devait avoir aussi des spécialités avancées. Nous avons créé ensuite des collèges pour le coaching psychologique, l’intervention précoce, les besoins éducatifs spéciaux, la neuropsychologie, l’orientation vocationnelle et professionnelle, la psychologie communautaire, la psychologie de la justice, la psychologie de la santé au travail, la psychologie du sport et la psychothérapie.

Depuis deux ans de discussions, on a pu débuter le processus d’enregistrement et on a, dans un mois, reçu 3000 demandes pour être spécialiste. Ceci a été un grand succès pour nous.

On a aussi des activités au niveau politique. Je crois que le nom de l’organe, ordre ou institut, n’importe pas. Ce sont les fonctions qui sont importantes : elles donnent la possibilité d’intervenir et de parler avec des autres acteurs et de faire avancer la profession.

Ainsi, on a des places au Conseil national des Ordres professionnels. Il y a 17 Ordres professionnels au Portugal. On a également une place importante au Conseil national de la Santé mentale. On y participe, avec le Ministre de la Santé et le Directeur du Programme de Santé mentale, à la définition de l’intervention des psychologues dans la santé mentale. On participe aussi à l’Agence d’Évaluation et d’Accréditation de l’enseignement supérieur. L’université est complètement séparée de l’activité de l’ordre. Mais on a quand même une place dans le Conseil consultatif de cette agence.

On a des relations permanentes avec ces Ministères de la Santé, l’Éducation, les Affaires sociales, du Travail, de la Justice, de l’Intérieur, l’Assemblée de la République et des Forces militaires et la Police. Ca nous donne l’opportunité de travailler avec les diverses forces politiques et avec les organisations qui sont importantes pour les psychologues. On travaille ensemble à la création de différentes lois et d’activités.

C’est important pour nous d’être dans des fédérations, car ça nous donne importance internationale. Ainsi, nous sommes aussi membre de l’EFPA, l’organisation dont je suis aussi le Président en ce moment. Nous sommes également membre de la Fédération ibéro-américaine des Associations de Psychologie et de la Fédération des Institutions psychologiques par la langue portugaise. Et on a des contacts fréquents avec l’American Psychological Association et le Colegio oficial de psicólogos d’Espagne. Ca nous donne l’opportunité d’apprendre à  faire les choses plus vite et avec moins d’obstacles.

Ensuite, nous avons participé aux projets nationaux de la santé, aux projets régionaux de la santé, aux programmes de santé prioritaires de diverses maladies. On a travaillé avec le Parlement pour l’élaboration de la loi sur les soins palliatifs et le rôle des psychologues dans les soins palliatifs et à l’élaboration de la loi sur l’évaluation des chauffeurs. Et en ce moment, on travaille à l’élaboration de la loi des psychologues du travail, avec les différents partis dans l’Assemblée de la République (le parlement portugais).

Pour prévenir les catastrophes au Portugal, nous avons entraîné 1000 psychologues à réagir dans une situation de catastrophe. Et nous avons créé un cours pour préparer les psychologues à des situations de crise avec une base de secours.

On fait également des choses pour les étudiants qui seront les futurs professionnels. Ainsi, on organise l’Académie OPP, qui a comme but d’informer les étudiants, quand ils sont encore à l’université, sur les activités de l’Ordre. On a une accréditation pour les formations post-graduées. On soutient de différents évènements scientifiques. On fait des rapports d’évidence scientifique pour le gouvernement. Nous avons un observatoire qui collecte des informations pour promouvoir nos activités et nos projets.

Une autre tâche très importante de l’OPP, c’est la négociation au nom des psychologues. Ainsi, nous négocions avec les assurances sur la contribution que l’assurance peut donner pour le remboursement des consultations. Et très important, nous n’acceptions pas l’interférence d’autres professions. Nous voulons qu’une personne puisse aller voir un psychologue et reçoive le remboursement d’une partie de cette consultation. C’est une négociation qui dure une année.

Il y a de différents bénéfices pour les psychologues enregistrés à l’OPP.  On a des guidelines, des lignes d’orientation qu’on produit pour les différentes spécialités en psychologie et pour les différents problèmes. On a fait une campagne de marketing à la télévision pour une meilleure prise de conscience de la santé mentale. C’est une contribution nécessaire, pour que le public sache que les maladies mentales existent, qu’elles sont normales, et qu’on peut consulter un psychologue. Via un site, où les gens sont géo-référencés, ils retrouvent le psychologue qui est le plus près de chez eux, et sur le site ils peuvent également vérifier les symptômes de quelques problèmes mentaux les plus fréquents.

Voici un spot publicitaire qui a été montré à la télévision et sur Internet. Ensuite, vous voyez un prospectus que nous avons distribué, qui parle de la dépression, des problèmes alimentaires, etc. Chaque psychologue peut utiliser ces prospectus et les partager avec ces clients. Cette campagne, cette action de marketing a eu une grande influence. Elle a été vue par deux millions de personnes.

Nous organiser également des cours pour promouvoir le développement professionnel en termes de compétences supplémentaires. Et on a également organisé le premier << European Semester >> de l’EFPA qui a été une opportunité de rassembler tous les psychologues de l’Europe et aussi les politiques, les personnes qui prennent les décisions, pour parler des problèmes communs et du traitement de ces problèmes par les psychologues.

Il y a déjà beaucoup d’évènements que nous avons organisés : des congrès, des actions diverses, qui ont connus une participation énorme. Lors de notre dernier congrès, c’était notre deuxième congrès, 2300 personnes sont venues participer. Nous sommes aussi partenaire de l’Agence européenne pour la Santé au Travail. Et on a créé un prix (award) pour la Santé au travail. On publie aussi des livres. Grâce à toutes ces activités, nous rendons plus clair le rôle important des psychologues et toutes ses différentes possibilités.

Nous avons une forte présence dans les médias et la présence des psychologues est très importante pour le public. Pour cette raison, nous avons fait une vraie action publique de prise de conscience. Ceci est très important pour l’utilisation des services psychologiques. Bien sûr, l’OPP n’est pas le seul organisme pour psychologues en Europe. Il y a aussi une législation élaborée en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, au Royaume-Uni. Là , la législation donne ou a donné la possibilité de faire des organisations similaires.

Il y a aussi des ordres pour psychologues en Italie, au Portugal et en Roumanie et des législations fortes qui protègent les psychologues et les citoyens en Autriche, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, etc.

 

Pour finir, je voudrais dire que je crois que l’autorégulation de la profession défend les consommateurs des services de psychologie et les professionnels, assurant une meilleure qualité des services. L’État veut bien réguler les professions, mais il ne sait pas toujours comment le faire. Et l’ordre fonctionne comme un intermédiaire, c’est un espace où les professionnels préparent le travail de l’état, en discutant parmi eux sur ce qui est le meilleur. L’autorégulation est la manière par excellence d’organiser les organisations de psychologie.

En tant qu’ordre représentant les psychologues, nous connaissons très bien les besoins des professionnels et nous pouvons travailler avec les personnes d’influence qui prennent les décisions. Ainsi, nous soutenant les psychologues en prenant les décisions importantes pour la profession et pour les usagers de leurs services. Pour finir, Je veux encore dire que je serai disponible pour vos questions. Je vous remercie.

Telmo Mourinho Baptista est le président de la Fédération européenne des psychologues (EFPA) et de l’organisation progressiste qu’est l’Ordem dos Psicologos (OPP) au Portugal.


 
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